Eperdu dans le noir
Eperdu dans le noir
Je marche pénétré, sous la pluie ignorée
Chagrin décoloré, d’âme détrempée…
Le sentier bascule, chemin bringuebalant,
Me couchant sur le flanc, abominablement !
Je suis en naufrage, l’illusion est volage,
Vil enfantillage, parfum d’anti-âge…
Nulle Fée penchée, sur ma vie déchirée
L’Amante utopique, s’efface aspirée
Par l’assassin rêveur, qui torture mon cœur
Son poignard ruisselant, égorge mon bonheur
Sacrifiant sur l’hôtel, mon amour éternel.
Les moutons apeurés, s’enfuient de dans le ciel :
Nuages ameutés, pour orage bleuté.
L’amant est révolté, son cri tonitrué
Tonnerre aveuglant, dans un éclair strident
Cavalier pointant, un foudroyant trident…
L’Absinthe en folie, rend le verre joli,
Mais la mélancolie, d’un Amour aboli
Tue la verte fée, divine frelatée
Elle emporte demain, et passion rejetée
Puis tout se dégrise, la nuit ironise
Ma vie s’amenuise, abstrait la promise…
Sans rien qui l’adore, sans amour haut et fort
Un grand sycomore, devient un arbre mort
Un cœur qui s’empierre, parmi la fumeterre
Un spectre délétère, emprisonné de lierre…
Mes bateaux désarmés, ne croisent plus l’été
Gisants sur la vase, leur ventre est crevé
Leurs bras sont démâtés, et sans voile dehors
En lent pourrissement, meurent au fond des ports.
Je lance à présent, d’autres nefs dans le vent
Ce ne sont que des mots, se perdant fort souvent
Surfant sur la toile, côtoyant une étoile
Ils voyagent menus, coquilles sans voile
Vaisseaux d’oies logiciel, procédé d’entre-ciel
Moment circonstanciel, bonheur artificiel :
Dans l’endroit virtuel, l’accroche-vérité
Dans le monde réel, vivant déshérité…
Ma plume musarde, parfois pathétique
Sur un papier glacé, l’encre sympathique
Implore Erato, Muse admirable
Issue des neuf nuits, belle désirable
Pour le poète ému, dans la précarité
Messager pour les Dieux, petit et prospère
Créant l’harmonie, craignant que l’on profère
pauvre erre je suis, pataugeant dans ma vie
Et perdu dans le noir, seul sans âme ravie.