Le joaillier
Le joaillier
Arpenter les rues d’Anvers sans ressource,
De la poche d’un négociant sculpteur
Détourner une pluie de poudre diamantifère
Pour en verser une once au fond d’une bourse.
La disperser au firmament de ta blondeur,
Libérer un semis d’étoiles persistant,
Nouveau diadème sur une pierre précieuse.
D’un index dressé vers la céleste peinture
Percer cette affluence de nuages obèses
Vautrés sur leurs lents traineaux polaires,
De mes doigts décrocher des gouttes d’azur
Sans que jamais les cieux ne s’empèsent,
Les verser pour égayer tes prunelles perlières,
Lagons calmes des mers heureuses.
Sur un quai vide de la gare des saisons
Guetter la lente arrivée de l’été qui voyage ;
Dans sa suite lourde de présents à sertir
Lui dérober un fin brin de soleil fécond.
Le laisser glisser à sa guise sur ton visage
Qu’il illumine avec ardeur ton radieux sourire,
Témoin attirant de tes bonheurs.
Caresser les dunes de Knokke à Ostende,
Guetter une mer du Nord aux tons Tahiti,
Emprunter le chant de ses vagues qui expire ;
En remplir une musicale fiole pour offrande.
Approcher ces notes de ton visage épanoui
Pour embellir soudain la musique de ton rire,
Eclat d’allégresse offerte au bonheur
Et, de la cime d’une tour arrogante géante,
Les yeux plaqués sur une baie cristalline
Promener mon regard sur la ville Lumière.
Observer chaque lueur dans la nuit béante
Et, dans l’éclat des illuminations citadines,
Ne voir soudain que toi, lumineuse et fière,
Diamant unique parmi ces brillances.
Yann Brugenn
© mars 2014